Janvier 2011
Pourquoi nous avons besoin d’une approche post-autistique de l’économie.
Février 2010
Taire la crise économique aux lycéens ?
Octobre 2009
Tribune du Monde en version intégrale et quelques compléments.
2003
Critiques à propos de notre "Petit bréviaire des idées reçues en économie"
Septembre 2001
Fitoussi réhabilite le débat dans les études d’économie
Janvier 2001
Précisions sur l’enseignement de l’économie
2001
Lettre ouverte internationale VF
2001
Vive l’economie politique !
Décembre 2000
La economia de nuestros hijos
Novembre 2000
">Rebelión de los alumnos de Económicas en Francia contra la enseñanza "despegada de la realidad"
Juillet 2000
Les étudiants dénoncent l’autisme économique
Juillet 2000
L’économie, science autiste ?
Juillet 2000
¿Por qué una reforma de la enseñanza de la economía ?
Juillet 2000
Pourquoi une réforme de l’enseignement de l’économie ?
Juillet 2000
La révolte des étudiants
Juin 2000
Les économistes seraient-ils autistes ?
Juin 2000
Echec et maths
Juin 2000
Economie Autiste
Juin 2000
Vives critiques sur l’enseignement de l’économie à l’université
Juin 2000
Edito de Laurent Mauduit
Juin 2000
Politique
Leur mal-être s’installe dans la durée. Une méthodologie trop formelle et un manque d’ouverture figurent aux premiers rangs des doléances.
Les étudiants en économie sont habitués aux "robinsonnades" : des modèles de description d’une société avec un acteur unique, perdu sur son île déserte, à la fois consommateur et producteur, confrontant lui-même l’offre et la demande. Le tout se corse le plus souvent de développements formels (entendre : mathématiques) qui viennent rajouter une distance supplémentaire entre l’enseignement économique et la réalité quotidienne.
"Comment se sentir impliqués ? Ce qu’on nous décrit ne s’applique qu’à des mondes imaginaires", déplore Benoît, membre du mouvement universitaire Autisme Économie.
Ces plaintes ne sont pas nouvelles. Une grogne, partie au printemps 2000 des bancs de l’École normale supérieure, s’est ensuite propagée jusque dans les rangs des enseignants eux-mêmes, dans la presse nationale, pour aboutir sur le bureau du ministre de l’Éducation de l’époque, Jack Lang. En cause : un enseignement économique déphasé des enjeux réels et une formalisation excessive des raisonnements. Pour répondre au malaise, le ministère commandait une étude à Jean-Paul Fitoussi, remise un an plus tard.
En 2005, une pétition, un rapport et, deux ministres de l’Éducation plus tard, les choses ont-elles pour autant évolué ? Sur certains points au moins, le débat a pu avancer ces dernières années. Les revendications ne sont par exemple plus amalgamées à un rejet en bloc des mathématiques. "Ça a pu être un point d’incompréhension, confirme Isabelle, autre membre du mouvement Autisme Économie. Nous souhaitons juste que les mathématiques ne soient pas une fin en soi, ni qu’elles deviennent une solution de facilité pour constituer les programmes."
Confronter théorie et réalité. Ces programmes, les étudiants tentent d’ailleurs de les modifier eux-mêmes, de l’intérieur, en positionnant par exemple leur mouvement lors des élections internes aux UFR. La grande pétition de 2000 s’est ainsi vue complétée, plus récemment, par le développement de stratégies locales. Intégrer les comités pédagogiques permet aux étudiants de mieux faire entendre leur voix. La méthode demande plus de patience, mais porte peu à peu ses fruits. Les institutions, elles, commencent à répondre. L’université de Clermont-Ferrand a, par exemple, créé des "unités de tutorat" qui permettent aux enseignants, dès la première année de Deug, d’illustrer les théories économiques à l’aide de cas concrets.
Ce type d’initiative s’inscrit en droite ligne dans les préconisations du rapport Fitoussi, favorable à la création de cours confrontant théorie et réalité économique. L’inflexion est à relier à la réforme d’harmonisation des diplômes universitaires, dite LMD (licence-mastère-doctorat), qui distingue désormais clairement les voies "pro" de celles de la "recherche". Comme l’exprime Arnaud Diemer, coauteur d’Enseigner l’économie (Éd. L’Harmattan), "les professeurs prennent conscience que les filières universitaires ne servent pas qu’à produire des économistes chercheurs".
Plus inquiétant, sur le fond, les étudiants continuent de regretter la prédominance du modèle "néoclassique" d’analyse économique (une école de pensée qui remonte en France à 1874, à partir des travaux de Léon Walras). "L’analyse néoclassique est celle qui se prête le mieux à la formalisation mathématique, explique-t-on chez Autisme Économie. Ce biais de méthodologie pose dès lors des problèmes plus idéologiques. Le pluralisme de pensée en est la première victime." S’il souligne la dimension politique des théories économiques, le rapport Fitoussi est resté plus réservé sur ce point. "Il n’existe pas de théorie générale de l’économie qui serait cachée aux étudiants", pouvait-on y lire.
Dans les faits, pourtant, et malgré les protestations, les universités françaises ne font que peu de cas des analyses dites "hétérodoxes" (théories de la régulation, ou travaux "postkeynésiens", par exemple). Encore en 2005, une thèse, dépourvue d’économétrie statistique et développée suivant un point de vue non orthodoxe, n’ouvre pas grandes les portes de la recherche institutionnelle.
Tarek Issaoui